Après avoir tenu les rôles d'un Calvin J. Candie tonitruant dans Django Unchained, puis d'un Jay Gatsby dit "le Magnifique" un an plus tard, Leonardo DiCaprio endosse fin 2013 un costume radicalement différent dans la dernière production de Martin Scorsese.
A travers "Le Loup de Wall Street", le célèbre acteur devient Jordan Belfort, un courtier New-Yorkais qui tente de toucher du doigt une vie utopique, où s'entremêlent sexe, corruption et illégalité. Ce contexte étonnant permet-t-il au film de se démarquer et de se transformer en véritable nouvelle pépite cinématographique ? Ou bien le fait-il plonger au rang de misérable production sans grand intérêt ? Vous aurez la réponse en lisant les lignes ci-dessous.
La biographie étonnante d'un homme au destin hors du commun
Le récit commence par une introduction surprenante, qui tente de définir le si convoité monde de la finance. Le film prend le risque de nous faire découvrir l'entière narration sous les yeux du protagoniste : Jordan Belfort. Risque heureusement mesuré qui va s'avérer déterminant dans le déroulement des faits.
Dès le départ de la production, le narrateur se définit comme un homme vivant, qui veut se donner les moyens d'accomplir ses plus folles ambitions. Après cette brève mais intense présentation de l'homme, le récit nous replace directement au commencement de l'aventure, grâce un retour en arrière chronologique définitif. Ce "flash-back" servira à comprendre les clefs de la réussite de M. Belfort, avec tous les détails qui composent cet accomplissement. On découvre à ce moment une personnalité déjà aimée et aimante, puisqu'il est marié à une ravissante jeune femme. Sa vie prend finalement un tournant décisif à partir de sa vingt-deuxième année : insatisfait de son rang de courtier peu renommé, il décide de se lancer chez les très grands de la Bourse à New York, pour y apprendre toutes les ficelles du métier.
Ce véritable appât du gain et l'irrésistible attrait de l'argent va alors encourager le jeune Jordan à s'introduire dans une voie qu'il sait pertinemment sans retour : le monde de Wall Street. Par la suite, l'effondrement de la célèbre société de courtage où il fut employé fin des années 1980, ainsi que la fondation de sa propre entreprise dans le domaine (qu'il nomme "Stratton Oakmont Inc.") seront des évènements décisifs que le principal intéressé enchaînera à travers l'intrigue. Par ailleurs, à compter de ce moment, il va s’entourer de nouveaux associés : ce sont en vérité de véritables losers que Jordan va littéralement transformer en de redoutables vendeurs acharnés.
En ce qui concerne ce changement brutal d'existence, le protagoniste va nous le partager par l'intermédiaire de son langage : il est évident que le discours de Jordan, qui se veut durant l'intégralité de l'autobiographie vulgaire et exagéré, permet d'amener le film vers une allure plutôt singulière et étonnante. Ce procédé unique est une manière originale et intelligente de retranscrire au mieux l'invraisemblable destin du jeune homme. Ce destin qui, au fur et à mesure qu'il est raconté, va transporter le spectateur pour le faire découvrir en toute fin d'oeuvre le maître-mot de l'histoire, à savoir l'accusation et la condamnation de cet arriviste acharné et de ses principaux partenaires par le FBI en 1998.
Finalement, je dois reconnaître que cette narration si différente est une des spécificités les plus incroyables du nouveau titre de Martin Scorsese. C'est même selon moi ce qui en fait une production à ne pas manquer actuellement, tant cette dernière nous surprend dans le bon sens du terme. Je peux donc vous assurer que "Le Loup de Wall Street" remplit déjà parfaitement son rôle de porte-étendard du roman déjà célèbre écrit par le véritable Jordan Belfort en 2011.
Une production de qualité malgré quelques maladresses
Même si l'évidente réussite de la retranscription de la vie du courtier New-Yorkais est un fait, d'autres aspects importants doivent être présents pour déterminer si le film vaut vraiment le coup, autrement que par son scénario et ses particularités. Je passe alors directement à la partie technique de ma critique. Sur ceci, croyez-moi qu'il y a beaucoup de choses à analyser !
Pour la partie "purement cinématographique", "Le Loup de Wall Street" se révèle être une oeuvre intéressante dans son ensemble, qui vaut indéniablement le détour il faut bien l'avouer. Le premier point qui me permet de vous conseiller le dernier Martin Scrosese est le jeu d'acteur, et particulièrement celui de l'acteur-vedette Leonardo DiCaprio. Son rôle primordial dans le drame Américain ne lui octroyait qu'une marge de manoeuvre infime, et force est de reconnaître qu'il a su transporter le personnage explosif de Jordan Belfort et toutes ses péripéties en version grand écran. Le résultat est énorme, et laisse songeur (comme souvent avec l'ancien jeune révélé jadis dans le fantastique Titanic).
Pour les autres, la ravissante Margot Robbie, la bombe du film, peut elle se targuer d'avoir tenu la dragée haute durant les presque trois heures de réalisation, alternant le bon et le moins bon mais en restant acceptable tout de même. Le constat est à peu près le même pour les autres acteurs secondaires (mention spéciale à Jonah Hill, qui incarne l'ami et le principal acolyte de Jordan) qui brillent à leur manière lors de leurs passages successifs.
Un autre point positif, les moments forts. Oui, certaines scènes sont véritablement marquantes et resteront dans vos mémoires une fois l'écran éteint, et ce genre de coup de maître, il faut l'évoquer. Les coups dans le torse qui composent le rythme qu'apprend un trader expérimenté à Jordan lors de sa première journée à Wall Street ainsi que le passage où la "duchesse" de l'anti-héros repousse son mari avec son talon sont selon moi les scènes clefs du tournage.
D'autre part, "Le Loup de Wall Street" m'a aussi satisfait de par la manière qu'il utilise pour amener la décadence progressive mais réelle de Belfort : elle ne se remarque qu'à partir de la deuxième heure, et demeure efficace et immersive ! Et ça, c'est un gros plus que l'on demande à n'importe quel film : nous plonger profondément dans son histoire jusqu'à sa fin : c'est pour cela une véritable réussite.
Parlons désormais des éléments qui m'ont sérieusement fait frémir durant le visionnage. Même si l'oeuvre s'en tire bien au niveau des dialogues, je n'ai pas compris le nombre hallucinant d'injures prononcées par nos petits protégés. Le roman étant peut-être aussi vulgaire, je pense malgré tout que d'autres procédés auraient du être employés pour amener cette violence assumée des répliques. Je continue en évoquant un autre défaut majeur : la fin. Elle est à mon sens assez bâclée, et n'est pas du tout à la hauteur de ce qu'on peut attendre durant la lente dégradation des deux dernières heures : j'ai trouvé ça dommage, il y avait mieux à faire.
Conclusion
Malgré ces quelques défaillances, je vous conseille vivement de découvrir (si ce n'est pas déjà fait) le dernier film du créateur des "Affranchis" ou des "Infiltrés" : tous les éléments sont réunis pour que puissiez enfin connaître l'histoire de ce jeune trader Américain Jordan Belfort. Cet homme, qui, en étalant toute sa maîtrise, est devenu en quelques mois seulement un des maîtres de Wall Street.
Avec un acteur principal étincelant, une adaptation au cinéma du roman très réussie grâce à un réalisateur qu'on sait de génie, et une narration originale mais convaincante : c'est désormais certain, il va vous falloir faire connaissance avec ce très bon film. Le plus vite possible même.