9h du matin, samedi 17 décembre 2016. Le ciel bleu dégagé, je décide de prendre mon embarcation stellaire de fortune pour quitter l'atmosphère terrestre, et voyager dans une galaxie lointaine qui m'est, comment dire, familière. Arrivé dans la station de projection spatiale la plus proche, je m'apprête rempli d'espérances à passer deux prochaines heures qui ne me laisseront, quoi qu'il arrive, pas indifférent. K-2SO enclenche le processus, les passagers curieux s'installent dans leurs sièges respectifs. Ils sont désormais prêts. Le space-opera peut commencer. Nous allons parler de "Rogue One, A Star Wars Story" aujourd'hui, bienvenue à tous.
Star Wars, en route pour une huitième partie ?
Possédant une longévité faisant rougir les autres grandes épopées cinématographiques, la Guerre des Etoiles nous propose, en cette année 2016, un détonnant nouveau chapitre. Enfin, chapitre, devrait-je dire nouvelle histoire, car Rogue One se propose d'emprunter la voie des spin-offs, jusqu'ici boudés (à raison) par la franchise aujourd'hui aux mains de Disney. Vous n'aurez donc ni Finn ni Rey pour sauver la galaxie : la troisième trilogie n'est pas traitée ici, merci de patienter un an comme tout le monde pour la suite. Se plaçant entre l'Episode III et l'Episode IV, nous découvrons dans ce nouvel opus les dessous de la mission de récupération des plans de l'Etoile Noire (Death Star I pour les fans) par les Rebelles, décisive pour la suite de la saga.
Finalement, l'atout majeur que l'on s'attend retrouver dans cette aventure est une bonne intégration dans l'univers de Georges Lucas, ainsi qu'une cohérence et un intérêt réel. Dès le départ, Rogue One s'est s'affranchi de la pression en annonçant dévoiler une partie restreinte de l'intrigue comblant le vide entre les deux épisodes centraux de la saga. Ainsi, la production n'entend réellement s'assembler qu'avec l'Episode IV, dont il provoque les actions initiales, et se retrouve éloigné de plusieurs années de l'Episode III. On part donc d'un point défini, et on finit à un autre lui aussi déjà connu. Ce parti-pris permet au scénario d'introduire une ribambelle de nouveaux personnages possédant des destinées propres, n'étant uniquement liées entre elles que par la mission devant être exécutée.
Une mission primordiale sur fond de guerre civile
La récupération des plans de l'Etoile Noire ne sera pas une tâche aisée, et de ce point de vue le scénario se contente de remplir ses objectifs avec une certaine réussite. Le film met l'accent sur l'aspect "guerre civile" qui règne dans la galaxie sur chaque planète, entre les partisans de la rébellion et les forces dominatrices de l' AinsEmpire.i, on découvre des affrontements réalistes, où les sabres lasers et la Force n'ont (que très peu) leur place, et c'est inédit. On se surprend donc parfois à s'imaginer dans un film de guerre contemporain. Des croyances toutefois interrompues par les tirs nourris de blasters bien présents pour rappeler qu'il est question d'une galaxie lointaine, très lointaine et rien d'autre.
Quelques passages sont parfois longs et peu intéressants (surtout au milieu du film, ainsi que la lente mise en route du départ), mais que ça tient quand même la route sans tomber dans l'ennui réel. On sent malgré tout que la section chronologique choisie était peut être un peu juste pour y développer un film tout entier : la substance manque par moments, mais tout ceci est compensé par trente dernières minutes d'anthologie. En grand fan de que je suis, l'emballage final m'a paru très réussi, percutant. SI vous attendez de grandes et belles batailles spatiales et de l'émotion, vous serez servis sur ces plans-là.
L'escouade est nouvelle, mais le charme opère
Dans cet océan (c'est le cas de le dire) d'action et d'explosion, une femme, Jyn Erso, se retrouve propulsée sur le devant de scène en tant qu'héroïne du film. Etant la fille d'un scientifique influent dont je ne révélerai rien ici, elle devient aussi bien un instrument de persuasion pour l'Alliance Rebelle, et un ennemi non dissimulé pour l'Empire Galactique (qui est au pouvoir à ce moment de la saga). Elle sera accompagnée par six acolytes, dans lesquels on compte un robot, un maître de la Force, un pilote ou encore un Rebelle aguerri. En face, le directeur Orson Krennic adopte le rôle de principal antagoniste de l'histoire, et tentera de compliquer la tâche de nos héros grâce à l'aide des forces à sa disposition. Je ne pouvais enfin ne pas évoquer le retour d'Anakin Skywalker a.k.a. Dark Vador dans les affaires, puisqu'il joue lui tient aussi une place certes légère mais réelle dans Rogue One. Ce casting est donc plein de promesses, et je l'ai trouvé de qualité dans son ensemble. Par contre, je ne suis pas spécialement fan des personnages de Chirrut Imwe, Baze Malbus et de Saw Gerrera, et des acteurs qui les incarnent. Mais pour les trois principaux personnages, Felicity Jones (Jyn Erso), Diego Luna (Capitaine Caspian Andor) et Ben Mendelssohn (Directeur Orson Krennic) sont vraiment brillants, et c'est le plus important.
En ce qui concerne les environnements, Rogue One nous offre de très beaux panoramas dans la veine de ceux proposés par Abrams et sa bande dans l'Episode VII. Les décors "réels" sont encore une fois plébiscités, et c'est un bon point car ils renforcent l'immersion du spectateur. Rares sont les fausses notes esthétiques en ce qui concerne l'allure générale de ces lieux inédits, telle que la nouvelle ville de Jedah, par exemple. Mention spéciale à l'ultime et fameuse planète de Scarif, absolument somptueuse, qui s'inscrit dans les meilleures créations de la saga. Enfin, la bande-originale n'est exceptionnellement plus composée par John Williams, mais par Michael Giacchino. Je ne peux pas mentir, ça s'en ressent, et la tracklist se révèle efficace mais en rien désarmante, se contentant de (bons) remixes ici et là, sans grains de folie.
Alors, Rogue One, une bonne idée ?
Sorti de la séance, je m'avoue ravi d'avoir voyagé si longtemps en compagnie d'un divertissement de si bonne qualité que je n'attendais pas à ce niveau-là. Rogue One représente selon moi une entrée singulière dans l'univers si acclamé qu'est Star Wars. Cohérent, mais rafraîchissant et différent sur bien des points aux récits initiaux de Lucas et Abrams, il peut parvenir à atteindre un public plus large et pas forcément fan de la marque.
Les fans seront quant à eux ravis d'apprendre les tenants et aboutissants "du pourquoi du comment" en ce qui concerne le lancement du désormais culte Episode IV. L'aventure sera logiquement adoptée, unanimement, car bien narrée et techniquement à la hauteur (planètes, décors de haute-volée, et intégrations numériques d'anciens protagonistes apportant une vraie cohérence à l'ensemble). Gareth Edwards signe donc ici une des meilleurs productions de science-fiction de l'année, qu'on aime ou pas Dark Vador et consorts. C'est tout ce qu'on demandait à ce Rogue One. A l'année prochaine pour de nouvelles aventures.